Qui était Rodolphe Darzens
Né à Moscou en 1865 d’un père d’origine basque négociant en vins, Rodolphe Darzens a eu une vie de personnage balzacien. Après des études en Russie il est envoyé à 13 ans à Paris pour parfaire sa formation scolaire. Il entre au collège Sainte-Barbe puis au lycée Condorcet où enseigne Stéphane Mallarmé.
Le 2 juin 1885, il fait partie des vingt-et-une personnes qui passent la nuit à veiller le corps de Victor Hugo, disposé sous l’Arc de triomphe.
Très jeune passionné de littérature et de poésie, il fonde ou participe à différentes revues et devient rédacteur en chef de la Revue d’Aujourd’hui dans laquelle en 1889 il fait paraître des poèmes de Rimbaud alors pratiquement inconnu.
C’est à cette époque qu’il se met en quête de rechercher des traces du Poète Maudit dont l’art poétique impressionne et fascine le jeune Rodolphe. Ses recherches approfondies, les premières sur « l’homme aux semelles de vent » aboutissent à la révélation de nombreux poèmes inédits et une meilleure connaissance de Rimbaud.
Il en fait éditer un recueil, Reliquaire fin 1891, mais déçu de la préface publiée sans son accord il fait interrompre la diffusion quelques jours avant la mort de Rimbaud.
C’est cet épisode que j’ai retracé librement dans « Brûlez Tout ! »
La vie de Darzens a été jalonnée de multiples péripéties. Après quelques publications de vers et de textes sulfureux comme « l’Amante du Christ » ou « les Nuits à Paris » il abandonne la littérature pour se consacrer à sa deuxième passion le Sport. Tour à tour, marchand de cycles, cycliste et organisateur de compétitions, (on lui doit la première course en canots motorisés entre Paris et Trouville), un des premiers journalistes sportifs sous le pseudo de Recordman, lutteur masqué aux Folies Bergères, coureur automobile, participant au Paris-Madrid en 1903, (course au cours de laquelle le frère de Louis Renault perdra la vie), initiateur des Jeux Olympiques féminins, assistant d’André Antoine au Théâtre libre il devient directeur du Théâtre des Arts aux Batignolles ( devenu Théâtre des Arts Hébertot par la suite) et… bretteur patenté (plus d’une dizaine de duels recensés !) ainsi que séducteur au charme slave irrésistible.
Il s’éteindra sans descendance directe en 1938 après 20 ans à la direction du Théâtre des Arts dans l’oubli et la misère. Il est enterré au cimetière de Neuilly dans un caveau à la gloire des chroniqueurs sportifs.
Pour en savoir plus sur sa biographie je vous recommande l’ouvrage « Les Saisons littéraires de Rodolphe Darzens » de Jean-Jacques Lefrère paru chez Fayard (1998)