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Le Proçès Socrate

C/     Partie Artistique :      LE PROCES SOCRATE

 

Note d’intention :   

           Avec les Animations de la Mars’Agora le public a été sensibilisé à une époque, à une civilisation.

Il a bougé, découvert, joué, parlé, été actif toute la journée : il n’a pas eu le temps de prendre du recul.

La pièce de théâtre le « pose » littéralement pour lui faire découvrir un homme et sa conception de l’ Homme.

Elle lui apporte cette quiétude de l’esprit et du corps nécessaire à la réflexion, à l’écoute et à la participation consciente.

Le Procès Socrate représente en quelque sorte l’apogée du parcours de découverte qu’il a expérimenté.

Il peut alors, « passer de l’autre côté ». Socrate le dit avec une certaine provocation : » Ne rien faire est la meilleure des occupations ». Ce recul d’action engage l’action consciente du public. Prendre le temps de ne rien faire que d’écouter.

Le Procès se déroule en direct, en temps réel, en public. Socrate s’adresse à nous à travers ses Juges.

Les Inters qui l’accompagnent sont autant de dialogues dans lesquels le public compare ses choix à ceux de Socrate.

Les thèmes développés sont universels : la justice, la vocation, la politique, l’ambition, l’amour, la mort…

Ils engagent le spectateur dans une réaction spontanée traduite par le Chœur des Juges.

Et si, comme Alcibiade, nous tombons sous le charme de cet homme étonnant, nous pouvons aussi nous demander avec Bernard Clavel :  » Si Socrate existait aujourd’hui, l’aurions-nous condamné ? »                   

L’histoire :               

L’histoire raconte comment Aristote va initier Alexandre le Grand, au faîte de sa gloire, à la pensée Socratique.

 A trente ans Alexandre a déjà conquis un immense empire qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait pu édifier.

Qu’en faire, comment l’organiser ?

Alexandre a atteint l’Inde après avoir soumis l’empire Perse, ses soldats refusent d’aller plus loin. Il cherche, malgré sa superbe, un sens à cette fabuleuse destinée qui l’a menée aux confins de l’Asie.

 Il se tourne vers son vieux précepteur Aristote comme vers un ami, un confident éclairé.

 Aristote va éveiller la conscience de son maître par l’exemple d’un homme simple, pauvre et bienfaisant, condamné à mort pour avoir accompli son œuvre, Socrate. Le principe philosophique soutenant son choix est un principe de sagesse : Le développement de la Connaissance est un garant de paix sociale.

Il entraîne avec lui l’assimilation des autres, l’acceptation des différences et la poursuite du progrès.

C’est ainsi qu’Aristote éclairera Alexandre au gouvernement de son empire.

Le thème du Procès:

Socrate à 70 ans est accusé des crimes suivants :

Impiété : il ne croit pas aux Dieux qu’honore la Cité

Subversion : il corrompt la jeunesse en l’incitant à la rébellion

 Peine demandée : la Mort

 Socrate va se défendre , démontant point par point les accusations et nous offrant, lui qui n’a rien écrit de sa vie, le témoignage de son existence, son chant du cygne.

Qui était Socrate ?

En fait Socrate est une énigme, n’ayant rien écrit de sa vie, les seuls témoignages de ses contemporains Platon et Xénophon nous donnent un éclairage ambigu de sa personne : Platon en fait un visionnaire, Xénophon un homme de bon sens.

En reprenant ces deux aspects dans le texte j’ai voulu faire vivre un personnage attachant et gardant un profond mystère.

Un homme qui refusait le titre de sage et qui nous surprend à plus d’un titre :

D’abord il est laid et négligé. Ces « crimes » à l’époque resplendissante du siècle de Périclès vont en quelque sorte déterminer sa vocation : puisqu’il est laid, il montrera aux autres sa beauté intérieure ; et son style : tout en finesse, ironie, charme.

Toute sa vie Socrate ne cessera de répéter : évitez les pièges, ne vous fiez pas aux apparences, les sens vous abusent, ne vous fiez qu’à vous-même quand vous aurez établi votre propre jugement et évitez les clichés et les idées reçues.

C’est cette opposition de l’être et du paraître, du vrai et du semblant dont il fera le fondement de sa réflexion.

Et les contradictions ne s’arrêtent pas là : il recherche la compagnie et se plaît à rester seul, il dit ne rien savoir mais est intarissable, on le dit misogyne mais philosophe avec les putains, il va nu-pieds et fréquente la meilleure société.

« C’est un fait que je me distingue de la plupart des hommes » dit-il ingénument dans l’Apologie de Platon.

Ce n’est pourtant pas un saint, ni un prophète, ni un héros citoyen : aucune doctrine à révéler, aucun message divin, il ne prêche rien, il fuit les honneurs et la vie publique.

Socrate décidément ne colle pas aux étiquettes.

C’est ce qui entretient le mystère autour de sa personne et rend son évocation encore plus passionnante.

Celle d’une personnalité complexe et attirante que j’ai cherché à faire vivre dans cette adaptation de l’Apologie de Platon pour le côté visionnaire de Socrate et des passages des Mémorables de Xénophon pour le bon sens et la sagesse paysanne de cet homme qui fût selon Platon : »Le plus extraordinaire des hommes ».

Note d’écriture :

Le texte est découpé en trois parties :

  • Le dialogue imaginaire d’Alexandre avec Aristote introduisant et concluant
  • Le Procès de Socrate (texte adapté de l’Apologie de Platon) « illustré » par
  • Les Inters (scènes tirées des Mémorables de Xénophon) retraçant certains de ses dialogues

Ce découpage et ce montage cherchent à faire vivre sous nos yeux un Socrate réaliste et multiple.

Ni l’illuminé qu’Aristophane brocarde dans « les Nuées » ni le philosophe un peu barbant qu’on nous impose en classe.

Un Socrate vivant : enfermé dans ses interrogations et disponible aux autres, contradictoire et plein de bon sens.

– Le dialogue imaginaire entre Aristote et Alexandre qui situe et projette les apports de philosophie pratique de Socrate.

– Le Procès (« sténographié » pendant l’audience par Platon lui-même) gage d’authenticité des propos de Socrate.

– L’apport des inters qui, outre le fait de créer des respirations dans la plaidoirie de Socrate, démontre son art de la dialectique : à partir d’une interrogation, rechercher ensemble, non pas en premier lieu les solutions envisageables mais avant tout le sens de cette recherche, sa « vertu », qui déterminera ensuite la réalisation consciente et concrète.                                               

Ces discussions de Socrate sont bien mieux mises en valeur par Platon dans « les Dialogues » mais l’intérêt de Xénophon est de nous présenter un Socrate plus humain, dans des rencontres très différentes les unes des autres.

Ainsi Socrate va s’entretenir avec un orateur, un artisan, un éphèbe, un aristocrate, un passant et un puissant. mettant au service de chacun (et du public) sa passion pour le mot juste, l’idée vraie, l’exigence sociale de sa recherche.

Au-delà de la forme et de la méthode ces échanges traitent de sujets toujours aussi actuels que :

L’amitié, l’ambition, le pouvoir, la beauté, la justice ou la mort et nous permettent, nous aussi, de dialoguer avec Socrate.

La pièce se referme sur le monologue amoureux d’Alcibiade : jeune aristocrate tombé sous le charme de Socrate, et nous livrant, dans une prose merveilleuse tirée du Banquet de Platon, son désarroi devant cet homme « si redoutable ».