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®Arthur Rimbaud réalisation au pochoir Antonin Guyonnet

PREMIER ARTICLE SUR  » BRÛLEZ TOUT ! « 

« Brûlez tout ! ». Remarqué par monBestSeller, édité par Anne Carrière, sorti cette semaine en librairie.

« Brûlez tout ! », telles auraient été les volontés de Rimbaud concernant ses écrits. Le visage de la poésie aurait sans doute été différent si elles avaient été respectées. Elles ne le furent pas. Mais, malmenée par le poète lui-même et par sa famille, son œuvre aurait certainement disparu sans l’intervention de quelques admirateurs, tels que le furent entre autres Verlaine et Darzens.

 

« Brûlez tout ! » remarqué par monBestSeller, édité par Anne Carrière

C’est l’exofiction qu’Henri Guyonnet choisit pour raconter, selon sa fantaisie, ce que fut le sauvetage de 51 textes de notre cher Arthur Rimbaud, réunis par le journaliste Darzens dans un recueil intitulé Reliquaire (comptant 19 poèmes inédits) et publié en 1891 quelques jours seulement avant le décès du poète à l’hôpital La Conception, à Marseille.

Les choses auraient pu être simples, mais elles ne l’étaient jamais avec Rimbaud, l’homme aux deux vies, comme si l’une voulait chasser l’autre, l’effacer… la brûler. C’est cet angle de vue qu’Henri choisit pour nous entraîner dans une folle course contre l’oubli. Son personnage principal est Rodolphe Darzens, jeune pigiste aventureux et embringué, malgré lui, dans une enquête dont la finalité est de retrouver la trace de Rimbaud disparu depuis 20 ans. A l’époque où cette enquête démarre, le poète malade, amputé d’une jambe, est revenu d’Abyssinie et séjourne à Roche, dans la ferme familiale.

« Brûlez tout ! », un roman composé comme une juxtaposition de tableaux 

Avec Brûlez tout !, Henri nous propose un roman d’une grande originalité. Composé comme une juxtaposition de tableaux, il nous permet de suivre d’une part le jeune Darzens, pigiste de la fin du 19e siècle, pas vraiment intellectuel, plutôt versé dans le sport, le vélo, un jeune homme ambitieux comme Bel Ami, avec un côté slave, anti héros venu de nulle part, un peu opportuniste, prêt à dévorer la vie. Et, d’autre part, à Roche, puis à la Conception : Rimbaud en fin de vie, mais quelle vie ? Celle du poète ou celle du marchand ? Celle de l’Occidental ou celle de l’Africain ? Qui est devenu Rimbaud ? Qui meurt ?

Entre ces deux protagonistes louvoient des figures célèbres de l’époque : Auguste Bretagne, Jean-Louis Forain, Pierre Louÿs, Demeny l’éditeur à qui Rimbaud aurait dit : « brûlez tout ce que j’ai pu laisser chez vous », Izambard (le maître), Riès (l’associé), Charles Cros, tant d’autres et surtout Pauvre Lelian, alias le Prince des poètes, alias Verlaine, à qui Henri Guyonnet fait jouer un rôle particulier.

Les strophes du poète semblent incrustées dans la prose de l’auteur

Le texte est rythmé par les citations des textes de Rimbaud, que l’auteur a su insérer avec art et délicatesse. Plus qu’insérés, les strophes du poète semblent incrustées dans la prose de l’auteur, elles en font partie ; parfois ce sont elles qui supportent le texte ou l’insufflent. Exercice d’autant plus délicat que l’écriture de Rimbaud brille comme un soleil, dont la lumière efface toute autre étoile. Exercice périlleux, même, car grand pourrait être le désir de vouloir briller à son tour. Henri a choisi la bonne voie : un style dépouillé, cinématographique, qui laisse toute sa place au génie de Rimbaud. Un personnage : Darzens, simple gars, méfiant devant les faiseurs de mots, mais prêt à saisir le cœur des hommes.

Cette exofiction réussit tous ses paris, et notamment celui d’ouvrir un formidable appétit. Page après page, on est pris du désir de discerner le vrai du faux pour arriver à la conclusion que rien n’est vrai ou faux, puisque Rimbaud fut un dieu, sa vie un mythe, et que son écriture irradiera dans mille ans encore. Tout nous dépasse, nous renvoie à notre petite condition d’humain, tout en nous rappelant que nous avons en nous l’étincelle divine des poètes, même si l’on meurt sans l’avoir jamais rallumée. 

Il faut lire « Brûlez tout ! », véritable livre d’hommage, et laisser le travail s’opérer en soi. Travail silencieux d’ouverture et d’illumination.

mBS : Votre maison d’édition est Anne Carrière, votre éditrice Manon Buselli. Nous croyons savoir que vous avez retravaillé ensemble votre roman « Brûlez tout ! » Pouvez-vous témoigner de cette collaboration pour les auteurs du site dont beaucoup rêvent d’être à leur tour édités ?

H.G. : Nous avons retravaillé le livre pendant 6 mois, avec des réunions hebdomadaires. Nous avons commencé par structurer la narration autour des protagonistes principaux, avant d’affiner les personnages, et de revoir entièrement le prologue. La fin a également été entièrement modifiée. Ce travail de concision, pas toujours facile, était indispensable pour recentrer le récit et renforcer le rythme. Le titre initial a finalement été accepté et nous avons ensuite travaillé à la couverture avec un graphiste. Bien entendu de nombreuses relectures ont parachevé ce travail. En tout, depuis la remise aux Editions Anne Carrière du manuscrit du Prix Concours, ce livre a connu cinq versions avant de trouver sa forme définitive.

mBS : Quelles sont les valeurs du site monBestSeller qui vous ont le plus marqué ? Et quelle aide cela a été pour vous dans votre parcours d’auteur ?

H.G. : Ce site participatif est une vraie mine d’or ! Les échanges avec les lecteurs, et entre auteurs, renforcent le moral, aident à réfléchir sur certains aspects du texte ou des personnages, nous conduisent à sortir de notre bulle de confort. J’avais déjà participé à d’autres plateformes mais c’est grâce au Prix Concours que je suis sorti de l’anonymat. Pour la petite histoire j’avais envoyé mon manuscrit à une vingtaine d’éditeurs (dont Anne Carrière) sans réponse favorable. Enfin je dois saluer les thématiques abordées sur le site qui sont très utiles dans notre travail d’écriture.

Merci Henri, nous savons que vous travaillez maintenant à une suite à « Brûlez tout ! », et que vos lecteurs pourront bientôt suivre les aventures de votre autre personnage principal : le journaliste Rodolphe Darzens.
Bonne écriture, et revenez nous voir souvent !